Freinage d'urgence

 

25 juin 2017 

Dès notre réveil, Éric ouvre la porte de Chouchou. Il la referme en toute hâte en s’exclamant : « Putain, ils sont tous là! » En fait, chaque matin, on se croirait aux Galeries Lafayette le premier jour des soldes ! Ils sont tous là, à attendre que la porte s’ouvre. Puis avec fougue, ils se jettent sur nous pour nous pomper le sang ! Ils sont redoutables, les moustiques canadiens ! Ils attaquent dès le réveil et ne nous lâchent plus jusqu’au soir. Et dire qu’il va falloir subir leurs assauts pendent tout l’été. Bon, Ok, eux ne transmettent pas le palu. Les moustiques nous piquent mais il y a bien pire : les mouches noires... Alors elles, c’est encore mieux, elles mordent et ça fait mal ! Satanées bestioles. Finalement, on en arriverait à préférer le froid !

Durant la nuit, un van est venu se stationner juste à côté de Chouchou. Ce matin nous faisons la connaissance de nos voisins. Elle est franco canadienne et lui est d’Agde. La discussion s’engage. On pressent que l’on ne va pas quitter le bivouac de sitôt. Ils viennent du Yukon, nous on y va… échanges de bons plans.

Un « tchou tchou » interrompt notre conversation. C'est un train de la Canadian Pacific. Eric est tombé sous le charme de ses trains en 2014 lors de notre premier voyage dans l'Ouest américain. La motrice diésel tire des wagons par dizaines et les trains s'allongent sans limite sur deux, voire trois kilomètres pour des poids pouvant aller jusqu'à 18 000 tonnes ! Les compagnies réduisent ainsi leur coût...

On sait qu’il va falloir rouler, rouler, rouler… sur des milliers de kilomètres pour traverser le Canada. La portion que nous allons attaquer dans la journée - après la ville de Thunder Bay- n’est pas la plus folichonne mais c’est un passage obligé.

Vitesse limitée à 90 km/h sur la transcanadienne. La circulation est fluide. Il fait beau. Éric est aux manettes. Il est prudent et attentif à ce qui se passe sur les bas-côtés. Tous les kilomètres, des panneaux de signalisation indiquent « passage d’orignal », donc on se méfie. Soudain, déboule, en courant,  sur notre droite un ours noir énorme. On l’aperçoit juste avant qu’il n’arrive sur le bitume, il regarde  dans notre direction.  Mais « quelle mouche l’a piqué », il va traverser ! Il faut l’éviter à tout prix car la collision serait fatale non seulement au descendant de Winnie mais également à notre Chouchou. Freinage d’urgence, ABS en action. Idem pour le véhicule de derrière qui fort heureusement avait gardé ses distances de sécurité… Chouchou est stabilisé au beau milieu de la chaussée. Quelle frayeur ! On se rend compte que l’on vient d’éviter le pire. Merci Éric, tu nous a sauvé la vie et celle de l’ours imprudent ! Tout s’est passé si vite qu’Eric n’a pu dégainer son Polaroïd.

Quatre ours noirs au compteur !

La pluie nous accompagne tout au long de la journée et nous redoublons de vigilance. On profite de cette journée de transition pour remplir le frigo et… le bar.

Pose sur un parking bétonné. On tente d’échapper aux moustiques. Le décalage horaire avec la France s’accentue puisque qu’il passe de 6 à 7 heures.