En route vers Vancouver

 

septembre 2017

 

 

 

 

 

Après un bon petit déjeuner devant le centre d'information de Whitehorse...

Nous souhaitons rejoindre Watson Lake, le village aux 50 000 panneaux de bois, bien décidés cette fois-ci à laisser, nous aussi, notre empreinte.

C’est sans compter sur la beauté d’un site en bordure du Morley Lake !

Nous nous y arrêtons par curiosité. Nous y restons par choix.

Il faut dire que nous avons du mal à quitter la région. Tout nous y retient : le ☀️qui revient, les températures qui remontent à plus de 20 °C, la végétation qui revêt ses couleurs automnales et qui subliment les paysages. À 14 heures, après avoir consulté le si précieux iOverlander, nous décidons de nous rendre sur un site qui n’a recueilli que des avis positifs de la part des voyageurs. Et là, comme dirait nos cousins canadiens, nous tombons en amour de cet endroit : un immense lac, des emplacements nickels sous les arbres, ombragés mais pas trop, des bûches pour faire le feu, des voisins à quelques centaines de mètres. Il nous faudrait avancer, on est encore à quelques 2 500 km de Vancouver, la prochaine étape ! Pourtant, c’est ici que l’on va s’installer pour la nuit. C’est le privilège de notre voyage : s’arrêter où l’on veut, sans aucune contrainte. On se positionne de façon à ce que que notre chambre s’ouvre… plein nord… pour les aurores. Pas un seul nuage dans le ciel, ça pourrait le faire.

On ne s’ennuie pas une seule seconde. Ranger, dépoussiérer, installer, préparer la suite du périple, le blog, les photos, l’apéro, le repas - saucisses au gouda en ratatouille faites maison SVP, mais non pas les saucisses ! Même pas le temps de faire une petite sieste !

Vers 20 heures, on entend un 🚗 approcher. Ce serait sympa s’il s’agissait de quelqu’un qu’on connaît. Douce utopie ! Et voilà qu’il pointe son joli petit capot ! Le Chouchou Brésilien fait son entrée ! Carla et Francisco que l’on avait rencontrés sur la péninsule de Kenaï puis croisés à plusieurs reprises ont choisi le même bivouac que nous ! Nous sommes vraiment très contents de nous retrouver. Les deux chouchous sont côte à côte.

On passe la soirée tranquillement devant un 🔥 de bois, à converser en espagnol, à faire griller des marshmallow (guimauves) et à préparer une stratégie pour ne pas louper les aurores de cette nuit. On est en période de pleine lune ce qui n’est pas favorable pour l’observation mais bon… On y croit tout de même.

On se réveillera toutes les heures, de minuit à 4 heures et eux toutes les heures et demi… Ainsi la surveillance aura lieu de façon quasi ininterrompue de minuit à 4 heures.

C’est en allant une fois de plus faire pipi que je remarque une auréole opaque dans le ciel. Ce n’est pas flagrant mais c’est une aurore. Je réveille aussitôt Eric pour le lui dire, puis nos voisins. Il fait très froid mais nous ne voulons rien louper. La pleine lune gâche tout et l’intensité lumineuse n’est pas au RDV. On verra sur les photos.

 

6 septembre 2017

Évidemment la nuit a été courte. On quitte nos amis brésiliens en début de matinée et chacun continue sa route.

Prochain arrêt : Watson Lake et sa forêt de panneaux où nous étions passé le 23 juillet. Nous n’avions pas eu l’occasion de « graver nos noms » parce que nous n’avions ni planche, ni peinture, ni clou… A vrai dire, ce n’est pas l’envie qui nous manquait mais on ne savait pas comment s’y prendre ! Cette fois-ci, on est bien décidé à faire le nécessaire.

Dès notre arrivée dans le village, nous allons au « tourisme information » et on demande… Il suffit d’acheter une planche, tout est prévu ensuite par la municipalité.

Sitôt dit, sitôt fait. Nous voici avec notre planchette. On s’installe dans la pelouse en bordure de la forêt de panneaux avec nos stabilos, notre peinture, nos clous et notre perceuse. On se met d’accord sur le texte et c’est parti. Il nous faudra une bonne heure pour réaliser notre « œuvre d’art » qui viendra garnir l’un des mâts de la forêt et qui marquera « à tout jamais » notre passage au Yukon. On met notre drapeau bleu blanc rouge à l’honneur. Lorsqu’on croise des canadiens ou des américains, on leur dit que le plus beau panneau est celui qui est orné de bleu, blanc rouge et on leur indique l’endroit en riant 🤣. On est tout fier de nous… Décidément, un rien nous amuse !

On est d’autant plus « guet guet » que la dame de l’office du tourisme nous dit que la nuit prochaine est classée 10/10 au niveau des aurores boréales. Waouh ! On va tout faire pour les observer. C’est le cœur léger qu’on continue notre route vers le sud, certains que l’on va trouver THE bivouac qui va nous permettre d’assister au spectacle.

140 bornes après, on est entre les montagnes, on ne voit plus du tout le nord. En soupant, on réfléchit, on se questionne...

« On fait quoi ? » Soit on reste ici… Et on ne verra rien ! Soit on revient sur nos pas et on a une chance de les observer. Mais cela nous fait faire quasi 300 km aller - retour sans avoir la certitude de les voir. Que faire ? Il est 21 heures. Une autre nuit blanche s’annonce ! Oui, mais une chance unique de voir la lumière danser à l’horizon. Et si on y va et qu’on ne voit rien ? Pfft. On est des fous, on y va et quoi qu’il se passe, on n’aura aucun regret ! Il fait noir. On reprend la route. Eric conduit. Nous sommes hyper attentifs au bas côté car nous sommes aux pays des animaux sauvages et wapitis, orignaux voire ours sont susceptibles de traverser à tout moment. Vers 23 heures, nous sommes de retour à Watson Lake et on galère vraiment pour trouver un emplacement dégagé vers le nord et sans aucune pollution lumineuse. On stationne finalement Chouchou dans un Parc où il est fait mention que le camping est interdit. Ça tombe bien, on ne campe pas ! Chouchou est en position nuit. Éric s’allonge à l’arrière tout habillé, il s’endort, puis commence à ronronner, enfin à ronfler… Je monte la garde assise sagement sur le siège conducteur. La sonnerie du téléphone me rappelle à l’ordre toutes les 1/2 heure. Ne pas s’endormir, scruter le ciel. Ça tombe bien, je n’ai pas sommeil. Le ciel est complètement plombé par les nuages, la lune brille comme en plein jour. Punaise ce n’est pas possible. Je crois voir une lumière verte qui transperce les nuages. L’intensité est beaucoup trop faible pour que je réveille le gros « bébé » qui dort à l’arrière.

3 heures 30, toujours rien. Elles n’ont pas eu lieu ou plutôt n’ont pas été visibles. Tant pis, c’est le jeu. On a joué, on a perdu. Mais on n’a aucun regret. On se promet d’aller les voir au Canada, en Suède, en Norvège ou partout ailleurs dès notre retour en France.

Je déplace Chouchou de quelques km pour être tranquille, je passe du siège avant au plumard de derrière et c’est tout habillée que je m'endors.

 

7 septembre 2017

Nuit courte mais appréciable. On ouvre un œil à 8 heures sans regretter le moins du monde d’avoir fait 300 bornes et de n’avoir rien vu. On reprend notre route. On a une impression de déjà vu ! Normal, ça fait trois fois qu’on l’emprunte en 12 heures 😕. Journée de transition calme est sans surprise. Aucun animal en vue si ce n’est un petit ours mort en bordure de route. Il a dû être percuté par un automobiliste 😩. Ça nous fend le ♥️. On trouve un bivouac pour la nuit au bord d’un chemin de gravier à plusieurs km de l’axe principal. À priori, on ne risque pas d’être dérangé…

 

8 septembre 2017

Aujourd'hui, nos pas nous mènent à Stewart, un autre repère d’ 🐻 et à Hyder, village fantôme limitrophe situé en… Alaska.

La pluie nous accompagne le long du trajet et la route en cul de sac serpente dans une vallée encaissée bordée par de hautes montagnes et des glaciers.

Un arrêt au petit office du tourisme de Stewart nous apprend que la météo prévoit de la pluie pour les deux jours à venir. Génial ! 👎

 

Pendant la ruée vers l’or, la population de la ville était montée à 10 000 (après 1910) et il s’y publiait quatre quotidiens. Après la Première Guerre mondiale, il n’y restait que 20 habitants. Stewart compte aujourd’hui 800 âmes.

 

Dès notre arrivée, on profite d’une petite accalmie pour aller voir le Salmon glacier. Il nous faut passer la frontière 🇨🇦 / 🇺🇸pour accéder à la ville fantôme de Hyder. Aucun douanier côté 🇺🇸. Hyder (90 habitants), « terre » américaine puisqu’elle appartient à l’Alaska. Les enfants de Hyder vont à l’école au Canada, les gens achètent en dollars canadiens et tout fonctionne selon l’heure du Pacifique. Sauf pour le postier : il est payé en dollars américains et vit à l’heure de l’Alaska ! 😲

Endroit comme on les aime. Très très peu de touristes, quasi aucune infrastructure si ce n’est un camping « closed ». Des bâtiments en ruine qui évoque son passé : un ancien poste de traite (lieu où avait lieu le commerce des fourrures), un général store… 

Pas grand -chose à voir en réalité mais un glacier hors norme, accessible depuis une piste en graviers d’une trentaine de km qui justifie pleinement le déplacement. Le fleuve de glace qui « s'écoule » langoureusement est immense. Fabuleuse vision. 😲

De retour, on s’arrête sur une plateforme d’observation des ours. Une passerelle enjambe une rivière à saumons dans laquelle les plantigrades s’en donnent à cœur joie la saison venue. Nous ne voyons qu'un seul ours venir se ravitailler. Légèrement déçus, nous quittons le site à la recherche d’un lieu pour dormir. La nuit approche trop vite. C'est finalement le camping de Hyder « closed » qui fera l’affaire pour une nuit… En espérant que personne ne vienne nous déloger.

Sitôt installés confortablement dans la tente de toit, il se met à pleuvoir… Tiens ça faisait longtemps ! 😩

 

9 septembre 2017

Le lendemain matin, à 8 heures, il pleut toujours… Une heure plus tard, on se décide à lever le camp… On se mouille, mais on commence à être habitués… Qui a dit : « les voyages forment la jeunesse » ! Le moral, quant à lui, est au beau fixe et c’est plus important que le temps. On repasse côté canadien où nous avons droit cette fois aux questions d’usage sur la possession d’armes et d’alcool (on omet de préciser que nous avons un spray pour les ours, du vin et des binouzes à l’arrière de Chouchou 😇). On déjeune ensuite sur un parking tout en discutant avec un couple de français, Pauline et Kevin. Ils voyagent avec Ginette, un Dodge acheté et aménagé à Vancouver. Il est 14 heures et une fois de plus, on a avancé de 300 mètres. On n’y arrivera jamais ! On a froid, tout est humide, il faut prendre une 🚿 chaude. Un camping nous permet de le faire pour 1 $ CAN soit 0,60 € les 4 minutes. C’est juste parfait. C’est tellement bon de sentir l’eau bouillante couler sur nos « petits corps ». Lol. Il faut maintenant penser à manger car il est 15 heures. On trouve une table de pique-nique protégée par un toit à la sortie de Stewart. Ça fera l’affaire ! Une bonne soupe de pâtes bien chaude, qu’Eric renverse sur son pantalon, suivie d’une salade de riz et de 🍌 au 🍫. Un régal jusqu’a ce que… à une quinzaine de mètres, un grizzli pointe son museau, traverse la route et se dirige vers nous. Une 🚗 arrive et stoppe net pour laisser la voie libre. « Eric, un ours... là, derrière toi, il arrive… ». J’éteins le réchaud, Éric prend l’ordinateur, on laisse le reste sur la table. Repli stratégique vers Chouchou. Que va-t-il faire ? Il nous contourne en passant à une dizaine de mètres, s’arrête, nous regarde puis continue sa route. Nous sommes rejoints par le couple de la voiture. Deux autres français. C’est le premier ours qu’ils rencontrent depuis le début de leur périple et sont très émus ! Normal !

Après ce « léger contretemps », nous reprenons notre route bien décidés cette fois-ci à avancer, enfin façon de parler puisqu’il est déjà plus de 16 heures.

iOverlander nous aide une nouvelle fois à trouver un endroit pour passer la nuit à Ghost Campground, autrement dit un ancien camping. Supers emplacements. On déplie la tente de toit. Nous avons des pêcheurs comme voisins. Soirée crêpes.

Finalement, aujourd'hui, nous n'avons avancer que de 50 kilomètres. A ce rythme, on n'est toujours pas arrivé à Vancouver... et en plus... on privilégie les pancakes !