Memphis (Tennessee)

 

4 novembre 2017. Beale Street

La nuit a été très calme. Au petit matin, des promeneurs intrigués par Chouchou, nous demandent d’où l’on vient, où l’on va et toutes les questions auxquelles nous sommes maintenant habitués. On a l’impression de progresser en anglais mais nous connaissons en fait les réponses par .

Nous sommes dans l’Arkansas.

Nous reprenons la route sous un ciel gris mais... il ne pleut pas.

Arrivée au Tennessee.

Nous traversons des champs de coton. Certains ont été récoltés. En bordure, on remarque la présence d’immenses rouleaux jaunes remplis de fibres végétales.

D’autres champs, en revanche, forment de vastes tapis blancs. On dirait de la neige. On s’arrête et on va voir de plus près. Les cotonniers ont des capsules aux parois épaisses et rigides. La plupart sont ouvertes et laissent s'échapper des bourres de coton. Les fibres sont blanches et soyeuses.

Welcome in Memphis, berceau du blues, de la soul et du rock 'n'roll.

Elvis Presley est le personnage incontournable de la ville, mais aussi BB King, l’un des meilleurs guitaristes de blues au monde !

La 🎧 ne constitue pas la seule attraction. En effet, un tragique événement a eu lieu ici même : l’assassinat de Martin Luther King. Nous connaissons évidemment le pasteur mais une visite au musée des droits civiques des américains ne sera pas superflue pour se rafraîchir la mémoire.

De même, nous ne saurions quitter la ville sans aller écouter du gospel.

Il va falloir s’organiser. Tout en ville paraît compliqué : recherche d’un emplacement pour stationner Chouchou, le bivouac, la douche. C’était plus facile au fin fond de l’Alaska !

Un petit tour dans l’un des offices du tourisme de la ville et nous avons une vague idée de la façon dont nous allons organiser nos journées.

 

Le Bass Pro Sport

Le samedi après-midi, après notre pique-nique, c’est un peu par hasard que nous pénétrons dans une immense et très jolie pyramide. On ne sait pas très bien ce qui nous attend. En pénétrant dans cet édifice, nous sommes stupéfaits d’apprendre qu’il s’agit du plus grand magasin outdoor du monde : le « Bass Pro Sport ». C’est magique pour les amoureux de nature, chasse et pêche. On se croit à Las Vegas, dans les plus beaux hôtels. C’est 😲! Les décors sont tout simplement magnifiques !

D’immenses 🌲 filent vers la cime de la pyramide que l’on peut atteindre par un ascenseur, payant bien sûr (10$).

Toujours et encore des animaux empaillés 😤qui n’ont pas notre adhésion, des armes et même un stand de tir.

Des 🚣 à la vente sont présentés dans de petits lacs, habités par des alligators... bien vivants ceux-là.

Ce magasin de sports est incontestablement le plus fun et le plus incroyable des 🇺🇸.

Nous ne regrettons absolument pas les quelques heures passées dans ce « Temple du plein air ».

 

Beale street

Las Vegas a son « Strip », Nashville a son « Broadway » et Memphis a son « Beale Street », la grande rue où tout se passe. 200 mètres concentrent toute l’activité nocturne de la ville.

C’est donc le samedi en fin d’après-midi que nous allons nous balader dans cette célèbre artère. La 👮 est omniprésente.

Des fresques murales égayent les rues.

Nous rencontrons le chauffeur de bus des supporters d’une équipe de football américain. Il est américain d’origine haïtienne et parle parfaitement le français. Ça fait tellement longtemps qu’on n’a pas discuté avec un francophone ! En plus, notre interlocuteur est des plus agréable. Il mange des frites et les essuie une par une... On lui demande pourquoi il fait cela. Il nous répond dans un grand éclat de rire : « j’enlève le sel, je ne veux pas ressembler à un américain » ! On passe une bonne demi-heure ensemble.

Des enseignes lumineuses, des boutiques, des restaurants et surtout des bars d’où s’échappent de la musique. Des badauds qui ne peuvent faire autrement que de se balancer au rythme du blues, du rock...

Éric adore ! Perso, je ne suis pas tellement fan de ce genre d’activité et pourtant je dois avouer que je me laisse envoûter par les groupes qui se produisent.

En revanche, devant chaque établissement, une espèce de grosse brute épaisse, pas agréable du tout pour ne pas dire infecte, réclame une pièce d’identité. Il est vrai qu’il faut être âgé de plus de 21 ans. On ne peut rentrer dans le bar ciblé. Le gars doit penser qu’on sort de la fac. 🤓. Tu peux te trimballer avec une arme à la ceinture et fumer du chichon mais à 60 ans tu dois prouver que t’as plus de 21 ans ! No comment ! De plus, pour rentrer dans ces établissements, la grosse brute te fait payer une sorte de péage qui varie en fonction des horaires et du jour (environ 5 $ / personne en moyenne).

Le bar BB King nous permet de rentrer malgré le fait que nous n’avons pas de pièce d’identité sur nous. Deux groupes se succèdent. Le premier plutôt hard rock, bof... En revanche, le deuxième 👍👍👍.

Vers 23 heures, nous prenons place sur un immense parking qui nous semble réunir les meilleures conditions pour passer une bonne nuit.

 

5 novembre 2017. Le gospel et Martin Luther King

« Le Gospel est une révolte musicale contre une Amérique raciste. C’est l’expression de la souffrance des noirs, récemment émancipés mais encore sous l’autorité blanche, particulièrement dans les états du Sud ».

 

Après une bonne nuit et un petit déj à l’arrière de Chouchou, nous nous préparons pour aller à l’église. Enfin se préparer est un bien grand mot. On a enfilé la même tenue qu’hier, enfin la même qu’avant hier ! Bref, on ne se sent pas particulièrement propret. En fait, on préfère ne pas se sentir du tout, Lol 😂. On essaiera de se tenir un peu à l’écart des foules. 😗

On arrive devant une immense église. Les fidèles, que des blacks, affluent. Les hommes sont revêtus de costumes sombres. Les femmes, quant à elles, portent des robes de couleurs vives, certaines sont coiffées de chapeaux. Elles sont toutes plus coquettes les unes que les autres. Certaines jupes sont très très courtes et les 👠 sont très très hauts. Ça peut sembler étrange dans une église mais... finalement c’est très bien ainsi.

On choisit notre place. On opte pour le balcon.

À 10 heures 30, 70 chanteurs, hommes et femmes, vêtus de robes longues de couleur rouge, s’installent dans le cœur de l’église, au centre de deux écrans géants.

Avant que la messe ne commence le drapeau américain et celui du Tennessee sont présentés aux fidèles. Gros moment d’émotion !

Pendant l’office, les chants et les prières vont s’enchaîner sur un rythme soutenu. C’est à la fois émouvant et prenant.

L’ambiance est indescriptible, les chants fabuleux, la musique fantastique. Pendant le prêche d’un intervenant qui dure une bonne heure, une femme entre en transe dans l’allée centrale. Elle est comme possédée. Elle s’agite, se contorsionne, insensible à ce qui l’entoure. Elle est ventilée par des fidèles qui se trouvent à côté d’elle. Après un bon quart d’heure, elle semble reprendre ses esprits et reste assise, hébétée et transpirante ! C’est juste irréel comme image !

La messe prend fin avec un hommage aux vétérans, aux forces armées américaines. Les drapeaux défilent devant les fidèles et les deux écrans géants diffusent des images des corps d’armée 😲😲😲. Les fidèles se lèvent pour honorer leurs militaires. Vision impensable dans une église 🇫🇷 !

Les prêches se font en anglais et nous ne comprenons pas grand-chose si ce n’est le mot « Jesus ». Pourtant, ces deux heures et demi sont du pur bonheur pour les non pratiquants que nous sommes.

Pour couronner le tout, nous sommes conviés à une réception (boissons, fruits et biscuits) à la fin de l’office. Nous sommes les deux seuls blancs et ils n’ont aucun mal à savoir que nous ne faisons pas partie de la paroisse ! 🙄

Memphis, c’est aussi la ville où a été assassiné Martin Luther King.

 

« Ce pasteur afro-américain était un militant non violent pour les droits civiques des noirs aux 🇺🇸, pour la paix et contre la pauvreté. Il a prononcé un discours célèbre le 28 aout 1963 devant le Lincoln Memorial à Washington durant la marche pour l’emploi et la liberté : « I have a dream ».

 

Le 4 avril 1968, le pasteur se trouve à Memphis. Il vient soutenir la protestation des éboueurs noirs. Il est abattu devant sa chambre 306 au Lorraine Motel. Il est alors âgé de 42 ans.

James Earl Ray, un fugitif du pénitencier de Jefferson City dans le Missouri est arrêté peu après. Ses motivations restent encore floues » !

 

Nous nous rendons au Lorraine Motel, un bâtiment rétro qui acceptait indifféremment les blancs et les noirs. Nous sommes devant le balcon de la chambre 306. Rien n'a bougé depuis le jour du meurtre, ni l'ameublement de la chambre ni la Cadillac et la Dodge stationnés sous le balcon. C’est un lieu de pèlerinage et de mémoire incontournable. On accède à une vue intérieure de la chambre, derrière une paroi vitrée.

En voyant cet hôtel, l’émotion nous gagne comme lorsque nous étions devant la cellule de Nelson Mandela sur Robbens Island à Cap Town en 🇿🇦, lieu où a été emprisonné Nelson Mandela pendant 27 ans ou lors de la visite des jardins du palais Birla à New Delhi en 🇮🇳 où a été assassiné le Mahatma Gandi.

 

La visite commence au rez-de-chaussée par une exposition consacrée à l'histoire de l'esclavage aux Etats-Unis. Il se poursuit par des films et des photos d’époque... sur les prémisses des droits civiques. Nous nous remémorons l'arrestation de Rosa Park (femme noire qui avait refusé de céder sa place à un homme blanc dans un bus), l'incendie du bus des Freedom Rider, la grève des éboueurs de Memphis... autant d'épisodes relatés avec reconstitution de décors et documents à l'appui. Un grand moment de l'histoire américaine.

On se rend ensuite dans un autre bâtiment en face du motel. On pénètre dans l’ancienne pension d'où le coup mortel a été tiré. Cette annexe retrace l’enquête qui a suivi le meurtre, en avançant la théorie du complot. En effet, pour beaucoup, les zones d’ombres qui entourent l’assassinat du pasteur par James Earl Ray ne sont toujours pas élucidées.

Trois heures ne sont pas de trop pour nous rappeler l’évolution des droits des noirs américains au cours des derniers siècles. Tout est en anglais et une fois de plus nous regrettons de pas saisir toutes les subtilités de la langue de Shakespeare.

Il faut absolument que l’on prenne la douche car on commence à sentir le furet. C’est sur un immense parking à l’écart de la ville que nous pourrons la prendre à l’arrière de Chouchou.

Nous finissons la soirée au Rum Boogie Café dans Beale Street. En écoutant le groupe qui se produit, on ne peut que 💃🏻  jusqu’à ce que la musique s’arrête !

Le bivouac de ce soir se fait dans un parc à une dizaine de kilomètres du centre-ville. On sait que c’est interdit de stationner entre 18 heures et 6 heures mais on se dit qu’il y a peu de chance qu’on se fasse contrôler cette nuit. Puis on est allé à la messe deux fois en 7 jours, alors 😇!

 

6 novembre 2017. Memphis - Graceland

À 6 heures du matin, un black s’arrête juste à côté de Chouchou. Putain, oups, il y a cinquante places, un seul véhicule... le nôtre... et il vient se coller à nous ! On n’y croit pas. On « jette un oeil » discrètement par la vitre. Il sort de son bolide et il fume une cigarette. Une demi-heure après il repart ! On va pouvoir en se lever !

On ne peut venir à Memphis sans aller rendre une petite visite à l’enfant du pays : Elvis. C’est donc tout naturellement que nous nous dirigeons vers Graceland, le manoir du King.

« Les parents d’Elvis étaient de condition très modeste. Il leur avait promis de leur acheter une grande maison. En 1957 devenu riche grâce aux revenus générés par son premier disque d’or, il s’offre Graceland. Il habitera ce manoir avec ses parents, sa femme Priscillia et leur fille Lisa Marie jusqu’à sa mort en 1977.

La résidence sert aujourd’hui de mausolée et de musée ouvert au public depuis 1982 ». 

 

Nous arrivons à 9 heures. Prix par billet 60 $ plus 10 $ de parking. Ils y vont un peu 💪 ! Comment ne pas payer le parking ? En n’y allant pas tout simplement ! On se gare devant un magasin genre Norauto. On achète deux ampoules et on demande l’autorisation de laisser Chouchou pendant que l’on va visiter Graceland. « Yes of course » !

Quelques centaines de mètres après, nous voici devant l’entrée du site. Il n’y pas énormément de touristes. Des personnes d’un certain âge pour ne pas dire d’un âge certain nous précèdent. On évolue entre des barrières, les uns derrière les autres, on prend un mini 🚌 qui nous dépose devant la 🏠. C’est une grande demeure avec un immense parc. On nous remet une tablette en français qui va nous permettre de mieux comprendre la visite. On n’a aucune marge de manœuvre, il faut suivre... Pfft ! On rentre à la queue leu leu dans la maison qui est au demeurant très belle. Normal, c’est tout de même ici qu’Elvis Presley a passé 20 ans de sa vie, qu’il y est mort 😵 et même enterré !

Les pièces s’enchaînent toutes plus kitch les unes que les autres et pas forcément de bon goût : le salon, la salle à manger, la chambre de ses parents, la cuisine, la salle de repos, la salle télé... Le touriste n’est admis qu’au rez-de-chaussée et au sous-sol mais pas au premier étage. On le regrette parce que franchement la chambre de ses parents, OK, mais on préférait voir celle d’Elvis ! Et bien non, celle-là ne se visite pas ! C’est un peu frustrés que nous sortons de la demeure. 

Nous faisons le tour de la propriété. Certains édifices tiennent lieu de musée où sont entreposés les objets, photos... du King.

Nous finissons la première partie de la visite par la tombe du chanteur qui repose à Graceland entouré de ses parents et de sa grand-mère.

La deuxième partie est consacré à ses véhicules, ses tenues de scènes, ses concerts...

La visite (5 heures nous concernant) nous permet de faire un retour dans le passé et de mieux comprendre pourquoi Elvis 🕺 a marqué son époque. Le beau gosse aux cheveux gominés apparaît vraiment comme quelqu’un de sympa, vulnérable et fragile ! Je comprends maintenant pourquoi on le surnommait THE KING 🤴!

Me concernant, je suis littéralement sous le charme. ❣️❣️❣️

Éric aussi je crois mais il n’ose pas l’avouer Lol.

C’est avec les chansons d’Elvis à donf dans Chouchou qu’on continue notre périple.

Nous quittons Graceland avec un temps maussade. Nous faisons une petite halte dans le camping qui borde quasiment la propriété du rockeur pour prendre la douche car vu les températures, on n’a pas franchement très envie de la prendre derrière Chouchou. Allez j’y go. « Please madam, please...🙏  (allez dis oui) ». Je prends ma tête de cocker battu, en principe ça marche 😩. « It’s Ok ». YESSSS.

Il nous faut avancer et on prend la route à 16 heures direction Nashville. Vu le mauvais temps, il fait nuit noire à 17 heures. C’est un peu gavant de ne pas pouvoir profiter de plus d’heures de jour.

Une petite demi-heure après, nous nous arrêtons dans la ville de Jackson. Cette nuit, nous dormons sur le parking de Walmart, un peu à l’écart. Nous sommes tranquilles, aucun vis-à-vis, « just perfect » pour les pipis nocturnes.