Si loin de la civilisation, la Guajira !

D’un côté, Cartagena de Indias, son quartier colonial, ses palais, ses flots de touristes et de l’autre... la péninsule de Guajira, ses paysages semi-désertiques, ses populations indigènes, sa pauvreté...

Au Nord-Est de la Colombie et frontalière du Venezuela, la Guajira est encore préservée du tourisme de masse. Située hors des sentiers battus, cette région nous attire en raison de son éloignement et de ses paysages censés être d’une beauté sauvage.

C’est sur ce territoire que vit la plus grande communauté indigène du pays : les Wayúu.

Nous savons qu’atteindre cette région sans passer par un tour organisé représente un véritable défi. Mais après moultes réflexions, nous décidons de nous lancer dans « l’aventure » ! En cas de difficultés, nous n’hésiterons pas à rebrousser chemin !

Des centaines de kilomètres de piste, praticables seulement durant la saison sèche (sinon passage obligé par la mer), nous attendent pour rejoindre Punta Gallinas, la zone la plus au Nord de l’Amérique du sud !

 

 

 

 

Mais auparavant, il faut rejoindre Minca et ce n'est pas une mince affaire ! Et on s'étonne parfois qu'il y ait des embouteillages...

 

19 - 21 août 2018. Minca, « une oasis » de fraîcheur !

Ne pouvant parcourir d’un trait les quelques 700 km qui nous séparent de notre objectif final et avant d’affronter les pistes, la poussière, le sable et la chaleur accablante du désert, nous faisons une halte à Minca, petit village perché à 650 m d’altitude dans la Sierra Nevada. L’air pur et frais contraste avec la chaleur étouffante de la côte. Nous passons trois jours en compagnie de Sébastien et Romain, deux jeunes français avec qui nous partageons l’aire iOverlander mise à disposition par un Suisse. Rando, visite d’une ferme qui produit du cacao, avec en prime un masque au chocolat 😋, baignade dans les cascades rafraîchissantes sont au menu de notre escapade !

 

21 août 2018. Camarones

Avant « d'attaquer les choses sérieuses », nous nous arrêtons pour passer la nuit à quelques kilomètres du village de Camarones. Des huttes de bois aux toits de chaume disséminés dans un vaste espace sablonneux ! Nous voilà pour la première fois en présence des Wayùu.

Nous savourons notre soirée avec, en prime, un coucher de soleil magique sur la mer des Caraïbes !

 

22 - 25 août 2018. La péninsule de Guajira

Un bref arrêt à Manaure, petit village qui vit de l’exploitation et de la vente de sel marin, nous permet d'observer les salines.

 

 

 

 

 

 

Nous sommes totalement rassurés sur la qualité du sel... LOL !

Des paysages teintés de rose, de gris, de blanc qui tranchent avec le bleu du ciel s'offrent à nous. Un petit avant-goût du salar le plus beau beau du monde : celui d’Uyuni en Bolivie !

C’est sereins mais sans excès de confiance que nous nous apprêtons à aborder les pistes de la Guajira (merci qui... merci RR Concept).

D’après les renseignements recueillis, il est facile de se perdre dans ce dédale de traces en raison de l’absence de panneau de signalisation ! 🤔 Même maps.me peine à trouver l’itinéraire ! 😟

 

Cabo de la Vela

 

 

 

 

C’est en début d’après-midi à partir de la « ville » d'Uribia que la route goudronnée prend fin et laisse place à une piste.

Nous prévoyons de rejoindre Cabo de la Vela, un village d’environ 1 500 âmes qui dispose depuis peu de l’eau courante et de l’électricité, en quantité limitée vu que nous sommes dans le désert ! Du sable, de la poussière, des traces, très peu de véhicules ! On sait que l’on doit parcourir une soixantaine de kilomètres de piste pour arriver à destination !

Une erreur et nous voilà face à une barrière ! M...., on s’est trompé de trace ! 😨 Demi-tour... Seules quelques maisons isolées où vivent des familles indigènes ! Impossible de communiquer avec eux ! Ça promet pour la suite ! On reste confiant ! C’est en apercevant ensuite la mer que l’on sait que nous sommes dans la bonne direction ! Nous nous rapprochons de la civilisation vu le nombre incalculable de sacs plastiques accrochés aux cactus ! 😱 Fort heureusement, la Guajira ne se résume pas qu’à cela !

Nous voilà arrivés dans le typique village de Cabo de la Vela. Ici, pas de bitume, pas d’immeubles. Simplement une rue ensablée bordée de maisonnettes en adobe et de quelques écoles de kitesurf.

Il faut dire qu’ici, ce sport nautique est roi ! Nous sommes dans l’un des meilleurs spots de kite de la Colombie ! Les Wayùu semblent « vivre » en harmonie avec les quelques touristes qui fréquentent les lieux !

Nous passons la soirée à regarder évoluer ces champions !

Les environs de Cabo de la Vela nous réservent quelques merveilleuses surprises.

Une petite ascension d’El Pilon de Azucar, nous offre une vue à couper le souffle sur le désert environnant et sur les eaux claires de la mer des Caraïbes. A son pied, une petite plage de sable dorée nous invite à la baignade !

Nous nous dirigeons ensuite vers la plage d'Oro del Agua et le Faro du Cabo de la Vela puis terminons la journée en assistant à l’incontournable coucher du soleil sur les Caraïbes.

Cours de géo en plein air avant de rentrer ! Avec dans le fond un vieux, très vieux Chouchou !

C’est ici que nous faisons connaissance de Pedro, un jeune Wayùu et de Ginette, son « cheval du désert ». Il nous aborde de façon fort sympathique et se propose de nous accompagner moyennant l’équivalent de 30 € jusqu’à Punta Gallina. Nous n’hésitons que quelques secondes. Au vu de la difficulté des pistes, de l’isolement de cette région, de la proximité de la frontière Vénézuélienne et des barrages de locaux qui ponctuent l’itinéraire, nous acceptons son offre ! RDV est pris pour un départ matinal le lendemain ! 

 

24 août 2018. 60 ans à Punta Gallinas ou un anniversaire pas ordinaire !

6 heures 30 : départ vers l’inconnu.

Il faut que Ginette fasse le plein d'énergie avant d'affronter le désert !

 

 

 

 

Pedro nous précède. C’est reposant de ne pas à avoir à penser à la recherche de l’itinéraire. On s’enfonce toujours et encore dans ce désert inhospitalier.

 

 

 

 

Les rares véhicules qui nous doublent, parfois des pick-up militaires, nous « inondent » de poussière.

 

 

 

 

À notre passage, et venus de « on ne sait où », des enfants se précipitent pour tendre une corde et nous réclamer de l’argent, de l’eau, des galetas... 😰 

 

 

 

 

 

Les femmes vendent des morceaux de « choses bizarres » que l’on identifie comme étant de la viande ! Nos estomacs ne sont pas encore prêts 😬 à s’offrir ce genre de festin !

D’autres proposent des crevettes et même des langoustes ! Mais il fait plus de 40 degrés et on ne sait depuis combien de temps elles errent sur le bord de la piste (les langoustes comme les femmes)...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous sommes totalement désemparés face à ce peuple semblant abandonné par les autorités et ne savons quelle attitude adopter.

 

 

Donner... et encourager la mendicité en entretenant leur dépendance du tourisme...

Ne rien donner... quand on a tout et qu’ils n’ont rien...

On décide d’acheter du riz, du sucre et du café dans une tienda du désert pour les distribuer...

Est-ce la meilleure solution ?

Si un jour les touristes ne peuvent plus pénétrer dans cette zone comme à l’époque pas si lointaine où les cartels et les milices para-militaires sévissaient, qu’adviendra-t-il de ces pauvres gens qui ne vivent que pour survivre...

Pas moins d’une quarantaine de « barrages » jalonnent notre piste. Pedro s’entretient avec les enfants voire les adultes et nous obtenons le droit de passer !

On remercie, on ne sait qui, d’avoir mis Pedro et sa Ginette sur notre route. Les kilomètres s’égrènent lentement, prudemment. Surtout prendre soin de Chouchou ! On se rend très vite compte qu’il aurait été compliqué de venir seuls dans ce désert ! De plus, comment franchir tous ces barrages sans parler la langue des Wayùu !

Les paysages deviennent époustouflants !

Chouchou et Éric se frayent un chemin sur la piste tantôt rocailleuse...

tantôt sablonneuse !

Sous un soleil de plomb, nous parvenons en fin de matinée aux immenses dunes de Taroa ! Magnifique spectacle de bout du monde ! Vision irréelle de ces tas de sable de plusieurs dizaines de mètres de hauteur qui plongent dans la mer turquoise des Caraïbes !

Une seule chose à faire : ouvrir grand les yeux et profiter de ces instants magiques !

A quelques kilomètres de là se trouve le faro de Punta Gallinas.

De petits cairns ont été érigés à cet endroit précis par les visiteurs ! On y est arrivé... On est heureux d’être là, dans cet endroit symbolique puisqu’il marque le point le plus au nord de la Colombie mais également de l’Amérique du Sud ! Un petit défi que l’on s’était fixé (à la dernière minute).

C’est après 130 kilomètres et 7 heures 30 de piste (avec les poses 📸) que nous parvenons dans l’un des seuls établissements « pour voyageurs perdus » de cette région pour le moins inhospitalière. Les bivouacs ne manquent pas mais vu la proximité avec le Venezuela, l’absence d’ombre et la chaleur torride, nous passons l’après-midi, affalés dans des hamacs, une bière pas très loin. Nous trouvons refuge derrière un bâtiment qui va nous servir de coupe-vent durant la nuit !

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire d’Eric. On pensait le fêter en amoureux, dans un endroit bucolique devant un bon repas et un verre (une bouteille) de Pomerol 🍷 ! C’est loupé... mais on promet de se rattraper dès le retour à la civilisation (pour le Bordeaux, pas sur) ! Au menu : poulet ou poisson et riz et nada mas ! Ce 🍚 nous sort par toutes les pores de la peau ! Nos rêves sont peuplés de steaks 🥩, de baguettes 🥖 croustillantes de chez Marie, de tomates farcies de ma maman et de tartes aux abricots ! 😋

Pas de gâteau, pas de foie gras mais Éric se souviendra toujours de l’endroit précis où nous étions pour son passage de la sixième dizaine ! 

 

25 août 2018. Retour à la civilisation

6 heures du mat... Mon estomac n’a pas survécu au gâteau d’hier soir à moins que ce ne soit le vin qui me soit monté à la tête 😏 ! Quoi qu’il en soit, je ne suis pas « brillante » ! Le problème est que « la Ginette » n’est pas en grande forme non plus... Problème de bougie 🤢 ! Bon alors, on fait quoi maintenant ? Le « cheval du désert » ne veut rien savoir malgré les nombreuses tentatives pour le ranimer ! La solution : Éric conduit Chouchou, Pedro se met à la place passager et ma pomme se retrouve allongée à l’arrière en « semi-vrac » !

C’est reparti pour cinq heures de pistes et de barrages !

Nous arrivons à Uribia vers midi et retrouvons le bon vieux goudron ! Que ça sent bon !

Vu la poussière qui s’est déposée sur notre ameublement mais surtout le sel qui lui, s’est fixé sur le châssis, on confie Chouchou au car-wash local.

 

 

 

 

L’instant crucial… Il faut faire le plein. On sait que Chouchou n’apprécie pas le mauvais gasoil. Il nous a d’ailleurs fait un rejet aux USA ! On se doit de sortir notre indispensable funel. Grâce à lui, on va très vite se rendre compte si le carburant contient de l’eau ou des impuretés.

C’est toujours un énorme dilemme quant au choix de la pompe. Ici dans cette « ville » du bout du monde, nous n’avons pas trop d’alternatives, pas de grandes enseignes ! Quand on voit leurs « stations-service » et la façon dont est entreposé l’or noir, ça fait peur. Elles nous rappellent d’ailleurs le sud marocain ! Quand on voit son prix... ça « fout » la trouille aussi... Moins de 0,30 € le litre. On est quelque peu rassurés quand on sait que ce carburant provient du Venezuela, classé dans le Top 10 des producteurs mondiaux de pétrole. Dans ce pays, le litre est affiché à... 0,01 $...😱, c’est dire un peu moins de 0,01 €. On a peine à l’imaginer quand on voit le prix à nos pompes ! 😭

1 000 000 de litres d’essence coûte moins cher qu’un kilo de viande ! 🤔 Cette situation s’explique par le fait que le Venezuela dispose des plus grandes réserves de pétrole au monde. Bon alors, les amis, on préfère manger un bon steak de Charolais ou rouler gratis ?

Mais revenons à notre objectif initial ! A partir de maintenant, c’est décidé, finis les détours, on descend vers les terres australes !

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Commentaires: 4
  • #1

    Lhotelier (mercredi, 29 août 2018 22:45)

    Merci merci tjrs aussi brillante narration.
    Je retiens une pensée qui me traversait l'esprit dane le désert Tchad identité : " c'est gens ne vivent que pour survivre".
    Tous ceux d'entre nous "fatigués d'être trop bien" feraient bien de s'imprégner de cette douloureuse réalité mais je m'égare. .....
    BON VENT....C'est l'arrivée du Figaro en baie briochine.
    AMITIÉS JLJ

  • #2

    Nois deux (jeudi, 30 août 2018 04:15)

    Non tu ne t’égares nullement Jean-Luc. C’est la triste réalité. On a tendance à se plaindre de tout et pour tout! La misère humaine remet les idées en place... malheureusement le naturel revient très vite au galop... l’être humain est ainsi fait!
    Bisous à vous deux et c’est nous qui vous remercions.

  • #3

    Laëtitia (jeudi, 30 août 2018 13:08)

    Wow merci de nous faire découvrir et voir cette réalité là.... Bisous

  • #4

    Nous deux (jeudi, 30 août 2018 14:40)

    De rien Laetitia! Pas trop dur le rétour au pays de l’erable!