La Cordillère Blanche (2/2)

La Cordillère Blanche... Ses pics acérés, ses glaciers, ses lagunes et ses villages perdus... Mais aussi, ses pistes à la limite du supportable... Nous en avons fait l'expérience et nous ne sommes pas prêts de les oublier !

 

1er novembre 2018. Boucle dans le Parc National du Huascaran...

Départ à 5 heures 15 pour profiter d’une accalmie de la météo. Vers 10 heures, le ciel va se couvrir et c’en sera fini des sommets enneigés.

La piste longe la lagune de Llanganuco (3 850 m) formée en réalité de deux lacs. Elle est née du dégel des pics enneigés les plus emblématiques de la région : le Huascaran (6 768 m) et le Huandoy (6 395 m)...

Le chemin s’élève très rapidement en lacets serrés jusqu’au col de Portachuelo (4 752 mètres).

 

 

 

 

D’ici, le panorama sur les lagunes est saisissant. Malheureusement, quelle frustration de ne pouvoir admirer les montagnes qui surplombent les eaux turquoise !

Flash-back

2005, 13 ans déjà !

Le toit du collectivo est « envahi » de sacs appartenant aux péruviens qui regagnent leur maison dans la montagne. Mais il y a aussi, solidement arrimés, nos VTT. Le nez collé sur la vitre, on admire le fabuleux paysage. Soudain, un sac puis deux puis... dégringolent du toit et s’éclatent sur la piste. Folle envie de s’esclaffer de la situation 🤣 mais par respect pour les passagers, on ne « bronche » pas... On « compatit »... 😇 Un arrêt inopiné pour récupérer le contenu des bagages et c’est reparti. Le chauffeur nous dépose au col de Portachuelo. Une fabuleuse descente nous attend sur cette piste de 40 kilomètres qui serpente entre les pics enneigés et longe les deux lagunes aux eaux turquoise.

Il fait beau, le ciel est bleu... Le bonheur à l’état pur ! 🤩

Il y a 13 ans notre escapade s’était arrêtée au col de Portachuelo.

Aujourd’hui, avec Chouchou, nous prévoyons de faire une boucle qui doit nous faire découvrir les villages et les paysages de la Cordillère Blanche, ceux qui sont éloignés et oubliés « du reste du monde ».

Nous nous sommes renseignés auprès de plusieurs locaux pour connaître l’état de la piste « de l’autre côté ». Les avis sont unanimes : « ça passe » ! Alors, on y go !

Les premiers kilomètres sont agréables. Le chemin s’enfonce dans une vallée verdoyante qui n’est pas sans nous rappeler les vallées alpines. 🥰

Pour ce qui est des villages traversés, c’est la misère ! 😧 Les femmes, les hommes, les enfants sont assis devant des maisons en adobe, en bordure de la piste tantôt poussiéreuse, tantôt boueuse. Ils ont le regard « vide » de ceux qui n’attendent plus rien ! Pas de sourire, pas, de signe d’animosité. Aucune expression ne se lit sur les visages burinés par le soleil et le froid.

Nous sommes émus, désemparés et une nouvelle fois impuissants devant ces populations qui semblent abandonnées de tous mais surtout des autorités péruviennes !

Juste après le village de Yanama, l’unique piste sur laquelle nous évoluons depuis plusieurs heures maintenant devient plus pentue, plus glissante, plus vertigineuse 😱. Les lacets sont de plus en plus serrés.

Punaise, quels sont les 🤬 qui nous ont dit que la piste ne présentait aucune difficulté !

Nous n’avons malheureusement pas le choix. Vu la configuration du terrain, il nous est impossible de faire demi-tour. Il nous faut aller de l’avant ! Eric est aux manettes, concentré comme jamais depuis le début du trip ! Je le sais, je le vois... il a peur. 😬 J’ai une boule dans le ventre. 🥺 Aucun mot n’est échangé... Pour parfaire le tableau, le ciel est de plus en plus menaçant. S’il se met à pleuvoir, la piste va devenir impraticable ! 🙏 Vitesses courtes, blocage du différentie ! 5 km/h pas plus ! Deux paires d’yeux sont fixés sur la piste qui nous semble interminable. Une rivière tumultueuse coule tout au fond du ravin... Ne surtout pas regarder vers le bas... Putain, oups... mais quand le cauchemar va-t-il cesser ! On ne filme plus ! Petit à petit, mètre après mètre, nous nous rapprochons de ce qui nous semble être la fin du cauchemar. Ça y est, nous voilà à une intersection de deux pistes. On sort de Chouchou. J’ai les jambes qui flageolent ! Eric n’est pas au meilleur de sa forme ! Tremblants, on s’assoit sur le pont à même le sol. On essaie de sourire mais le cœur n’y est pas !

 

PLUS JAMAIS ÇA !

Un gars souriant vient à notre rencontre. C’est réconfortant ! Anxieux pour la suite, nous lui demandons quel est l’état de la piste qui rejoint le village de Chacas situé à 40 kilomètres de là... Il nous rassure ! Enfin, nous ne le sommes réellement qu’en voyant arriver deux gros camions bien larges...

Si eux passent, ça devrait le faire pour Chouchou !

Allez, c’est reparti, non sans une certaine appréhension... Il nous tarde tellement de circuler sur une route asphaltée. Pour résumer, il nous tarde de revenir « à la civilisation » !

La pluie se met à tomber... mais la piste est suffisamment large. Croiser un bus, une berline, un camion nous redonne le sourire ! Notre arrivée à Chacas se fait sous une pluie battante.

Exténués physiquement et psychologiquement...

Rien ne vaut un petit hôtel douillet et une bonne douche chaude pour nous remonter le moral.

Nous avions oublié que la plupart des hôtels de montagne n’ont pas de chauffage. 😨

Et pour couronner le tout, en raison des travaux de voirie dans le village, l’eau est coupée jusqu’à nouvel ordre... c’est à dire jusqu’à 21 heures 30. 😨 

À part ça... nos 🍕 étaient excellentes...

Demain sera un autre jour...

 

2 novembre 2018. Chacas et la punta Olympica

La pluie a cessé et les nuages ont laissé provisoirement place au soleil. Chacas est une petite ville magnifiquement préservée et à l’écart des sentiers touristiques classiques (tu m'étonnes).

La grande place centrale engazonnée est bordée de jolis bâtiments coloniaux et d’une imposante église.

 

 

 

 

 

La petite marchande de fleurs apporte une petite touche de couleur bien appréciée.

 

 

 

Nous sommes sereins quant à l’état de la route que nous aurons à « affronter » aujourd’hui. La prudence reste cependant de mise en raison de nombreux glissements de terrain et des chutes de pierres.

Aujourd'hui, le point culminant de notre itinéraire est la Punta Olímpica (4 680 m). La vue est à couper le souffle... enfin lorsque les nuages nous laissent entrevoir les sommets environnants et les lagunes !

Les glaciers sont impressionnants ! Les énormes moraines nous laissent deviner la taille de ces monstres il y a quelques décennies seulement !

Le réchauffement climatique continue son œuvre destructrice !

Nous avons rendez-vous à Huaraz avec les Luclauvi, nos amis voyageurs des Hautes-Alpes. Nous savons que nous allons passer une chouette soirée en leur compagnie.

 

3 novembre 2018. Le glacier Pastoruri avant-goût du fameux Perito Moreno...

Au petit matin, le moment est venu de se quitter. Nous savons que nos routes vont se croiser à nouveau plus au Sud... du continent.

On va rejoindre le glacier Pastouri (5 012 m).

Il se situe dans le sud du Parc national du Huascaran, au sein de la Cordillère Blanche, à environ 70 kilomètres au sud de la ville de Huaraz.

Nous quittons la route asphaltée et empruntons une piste vraiment magnifique qui s’enfonce dans la Cordillère.

A cette haute altitude, la végétation est très particulière. Balayée par les vents et le froid, elle se fait rase formant de vastes étendues de prairies qui caractérisent l’altiplano.

Au loin, les sommets ! J’essaie de retenir les noms de ces mastodontes emblématiques que l’on voit où l’on devine mais, rien à faire, je décroche.

De ces herbes rases et touffes herbeuses surgissent des plantes qui ne passent pas inaperçues : les fameuses Puya Raymondi qui poussent à des altitudes comprises entre 3 200 et 4 800m et que l’on ne trouve qu’au Pérou, au nord du Chili et en Bolivie. On n’a aucun mal à reconnaitre ces immenses boules de feuilles effilées et pointues. La hampe, quant à elle, peut mesurer jusqu’à dix mètres. Leur floraison n’intervient qu’entre 80 et 100 ans. C’est dire que l’on a peu de chance de voir ses milliers de petits fleurs blanches. D’autant que la floraison terminée... les plantes meurent en se désintégrant.

On se sent tout petit auprès des Puyas Raymondi à la fois belles et impressionnantes !

 

 

 

 

Accrochés à ce paysage rude mais splendide, de petites cahutes aux toits de chaume.

Des chevaux, des moutons et des vaches paissent dans cette immensité sous le regard bienveillant des bergers.

 

Peu après, la piste commence à monter en lacets jusqu’à un immense parking.

4 850 m : nous sommes un peu plus haut que notre Mont Blanc.

Nous abandonnons Chouchou et nous dirigeons vers le sentier parfaitement balisé de 2,5 kilomètres qui doit nous permettre d’atteindre le glacier.

L’oxygène se fait rare, très rare même. On commence tranquillement notre randonnée tout en se préservant pour la suite. On sait que le MAM (Mal Aigu des Montagnes) peut nous frapper à tout moment.

Aucune végétation ne pousse à cette altitude. C’est un paysage désertique que nous traversons. Les roches sont patinées par l’érosion, témoignages du passage du glacier... il y a bien longtemps.

Le ciel est de plus en plus menaçant. Le grésil fait rapidement son apparition.

La pluie transperce nos vêtements. Il fait froid. 🥶

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5 012 m... Nous l’apercevons, il est immense, mystérieux, intriguant.

 

 

Il y a encore quelques années, il était possible d’escalader et d’explorer le glacier. Dorénavant, c’est formellement interdit...

 

 

Et on comprend mieux le recul en lisant les panneaux explicatifs qui nous renseignent sur l’évolution du glacier.

Il y a 35 ans, il se trouvait à cinq minutes du parking. Aujourd’hui, une marche d’une quarantaine de minutes est nécessaire pour l’atteindre.

Suite au réchauffement climatique, lui et ses voisins, sont en train de disparaître.

D’ici 30 ans, le glacier Pastouri n’existera plus...

C’est toujours aussi tranquillement que nous redescendons rejoindre Chouchou.

Pour l’instant, tout est OK malgré le froid et l’humidité. Après le repas nous décidons de passer la nuit sur place.

A 17 heures, chauffage à « donf », on est calfeutré chez nous.

 

 

 

 

 

 

 

On s’endort vers 19 heures, avec nos trois loupiots ! 🥰

 

 

4 novembre 2018

Après une nuit très agitée liée à l’altitude (mais nous le savions...), nous sommes obligés de redescendre dès le lever du jour pour faire disparaître ces méchants maux de tête que nous reconnaissons des les premiers symptômes. C’est au tour d’Eric d’être « touché ». 🤮 🥴 🤯

On alterne ! Le point positif, c’est que l’on n’est jamais malade en même temps. Il y en a toujours un pour ramener Chouchou.

Parfois, on se dit que nous sommes complètement masos ! Mais on ne se refait pas !

 

Nous voulions sortir de notre « zone de confort »... On peut dire que c’est parfaitement réussi.

En quittant la Cordillère Blanche, le ciel se dégage. On peut enfin profiter du spectacle !

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Commentaires: 5
  • #1

    daniel DURAND (dimanche, 11 novembre 2018 09:54)

    formidable,a votre retour je crois que les grands espace vont vous manquer, bisous du gard

  • #2

    Marco (dimanche, 11 novembre 2018 18:19)

    Magnifique paysages et magnifiques récits, on se croirait vraiment (encore) avec vous... et repasser dans des endroits aussi improbables 13 ans après, j'imagine la nostalgie.
    Bises à vous deux

  • #3

    Lhotelier jl (dimanche, 11 novembre 2018 22:32)

    Bjr les amis.Je commençais à m'inquiéter. .....
    Belle préparation Trail. ....
    Vous êtes des champions.
    Merci pour tout.
    BonNe route
    Bises jlj

  • #4

    odile et christian (lundi, 12 novembre 2018 16:24)

    bisous super comme d ' habitude

  • #5

    Nous deux (mardi, 13 novembre 2018 00:39)

    Merciiiiiiiii à tous!
    Oui pour les grands espaces...
    Oui pour la nostalgie...
    Mais parfois on hésite à retourner sur un site de peur d’etre déçus par l’evolution due à l’afflux de touristes... c’est le cas pour le fabuleux Machu Picchu...
    On vous embrasse tous très très fort.