Rêve de tout randonneur, le Parque Nacional Los Glaciares ! Le Cerro Torre (2/2)

La météo clémente nous incite à aller voir de plus près le Cerro Torre, si caractéristique avec ses murs verticaux parfaitement lisses qui s’élèvent en flèche et son champignon de glace qui couvre son sommet... Lorsqu’on sait que cette montagne a la tête dans les nuages trois cents jours par an et si l’on rajoute les conditions météorologiques extrêmes qui sévissent dans cette partie du globe, on comprend mieux pourquoi l’ascension du Cerro Torre est particulièrement difficile.

 

11 février 2019. La Laguna Torre... ou comment se rapprocher de la flèche acérée du Cerro Torre !

Tout aussi séduisante que celle de la veille, la randonnée nous offre des miradors spectaculaires sur « la flèche ».

Dix kilomètres plus loin, waouh ! 😱 Le sentier nous « propulse » jusqu’à une lagune chocolatée dans laquelle flottent de gros glaçons ou de petits icebergs ! Normal, un énooooorme glacier vient mourir dans la lagune.

On en profite pour récupérer un peu de glace pour l'apéro de ce soir...

...

et casser une petite croute !

 

 

On a du mal à imaginer que ce « doigt tendu vers le ciel » est à l’origine de l’un des plus gros mensonges des « conquérants de l’inutile »...

On adore lire et relire l’histoire rocambolesque de « l’araignée des Dolomites »...

 

1958

Considéré comme « impossible à gravir », le Cerro Torre est inviolé malgré plusieurs tentatives d’ascension.

Les montagnes ne demandent rien à personne. La folie des hommes les place pourtant parfois au cœur des polémiques les plus invraisemblables. Au centre de cette histoire rocambolesque se trouve un alpiniste italien pour le moins saugrenu : Cesare Maestri alias « l’araignée de Dolomites ».

 

1959

Maestri-Egger au Cerro Torre : la plus grande victoire de l’histoire de l’alpinisme

 

Janvier. Cesare Maestri est de retour au Cerro Torre. Cette fois-ci, il est accompagné par le phénoménal alpiniste autrichien Toni Egger et le plus modeste Cesarino Fava qui se contente de les attendre au camp de base.

 

28 janvier. Les deux hommes se lancent dans l’ascension.

 

3 février. Cesare Maestri est de retour. Il est dans un triste état mais surtout, il est seul… Ils ont réussi l’impensable mais Egger a été emporté par une avalanche lors de la descente. Maestri pleure son camarade mais regagne l’Italie en héros.

 

Lionel Terray, le « vainqueur » du Fitz Roy qui a eu tout le loisir d’observer le Cerro Torre lors de son expédition au Fitz Roy en 1952, écrit dans « Les conquérants de l'inutile » : « Aujourd’hui, je n’ai pas changé d’avis et le succès de Toni Egger et César Maestri, qui réussirent à vaincre le Cerro Terro, sommet voisin du Fitz Roy mais certainement plus difficile encore constitue à mes yeux la plus grande victoire de toute l’histoire de l’alpinisme ».

 

La « montagne impossible » était vaincue mais sa légendaire difficulté continuait pourtant d’attirer les alpinistes de tout horizon. Et malgré l’évolution du matériel au fil des années, tous en revenaient dépités… Comment ce diable de Maestri avait-il pu réaliser un tel exploit ? Il fallait se replonger dans son récit pour tenter de comprendre. C’est là que les sourcils commencèrent à se froncer. Déjà, pas de cliché du sommet. C’est Egger qui était en possession de l’appareil photo et il a disparu avec lui. Ensuite, pour expliquer leur réussite en un temps aussi rapide – deux jours et demi – Maestri avait évoqué une croûte de glace sur laquelle les crampons faisaient merveille, mais tous ceux qui sont passés après évoquent plutôt un manteau extrêmement friable. Il y eut aussi ces incohérences dans les récits de l’italien et des détails techniques un peu confus. Enfin, 300 mètres après le début de la paroi, plus aucune trace du passage d’Egger et Maestri… pas le moindre piton, rien… si bien qu’à la fin des années soixante, la controverse n’en finit plus d’enfler et l’exploit commence peu à peu à ressembler à une vilaine farce. Face à la critique grandissante, le bouillant Maestri va apporter une riposte pour le moins étonnante…

 

Et Maestri pète les plombs…

 

1970. Début de l’été, en plein hiver austral...

Ulcéré par les accusations dont il est la cible, Cesare Maestri reprend la direction du Cerro Torre avec, dans sa valise, 400 pitons à expansion et un énorme compresseur de 80 kg : un fou… Avec trois complices – Carlo Claus, Ezio Alimonta et Pietro Vidi – il entreprend de percer la roche grâce à sa machine démoniaque et d’y planter les pitons qui lui permettent de progresser lentement vers le sommet tout en hissant le compresseur au moyen d’un treuil. L’ascension la plus hideuse de l’histoire est en marche ! Comble de laideur, ils échouent à 450 mètres du sommet mais laissent tout en place et reviennent cinq mois plus tard pour finir leur triste labeur.

 

2 décembre.

Ils sont au sommet mais le maestro ne s’abaisse même pas à prendre une photo… Les souillures laissées sur la montagne feront office de preuve. Le compresseur lui-même est abandonné accroché à une corde, comme ultime relique de l’histoire. La tristement célèbre « voie du compresseur » était née.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là… En 2005, trois grimpeurs italiens – Alessandro Beltrami, Rolando Garibotti et Ermanno Salvaterra – parviennent enfin au sommet du Corre Torre via la voie empruntée par Meastri et Egger. Leur récit met un terme définitif aux spéculations sur la bonne foi de Maestri : aucune trace de son passage 46 ans plus tôt au même endroit… Fin de l’affaire.

 

Aujourd’hui, Cesare Maestri à l’aube de ses 90 ans continue de nier l’évidence…

 

Une sente pentue nous permet de prolonger le plaisir jusqu’à un belvédère qui surplombe la gigantesque masse glacière !

Vision de « folaï » ! Émotions aussi fortes que la veille ! Du bonheur à l’état pur !

 

 

 

 

 

Le glacier Grande lors de notre premier passage en décembre 2000. Il semble avoir lui aussi malheureusement reculé !

Infos rando : 

8 heures de marche (avec arrêts)

23,5 kilomètres

Dénivelé positif : 720 m

Altitude mini : 430 m

Altitude maxi : 825 m

 

De retour au bivouac, le massif du Fitz Roy nous gratifie d’un ciel comme seule la Patagonie peut nous offrir !

 

12 février 2019. Loma del Pliegue Tumbado ou comment embrasser le Massif du Fitz Roy

Ce matin, nous décidons de ne pas randonner et de rejoindre notre prochaine étape. Après une « grâce mat » bien méritée jusqu’à... 7 heures 30 et alors que nous vaquons à nos occupations... une photo panoramique du massif dans une boutique nous fait changer d’avis. On a admiré le « boss », on a pique-niqué au pied de la « flèche », on ne peut décemment quitter El Chalten sans les voir réunis tous les deux sur un même cliché. On se 👀. Surtout, n’avoir aucun regret, aucun remord ! La décision est aussitôt prise : on se sent à nouveau prêt à affronter les kilomètres et le dénivelé.

9 heures 45 : le départ est un peu tardif mais... on ira deux fois plus vite ! Enfin, façon de parler !

Le sentier monte du début à... la fin !

Elle se prend parfois pour Hercule !

Nous voici arrivés au dernier « coup de cul » ! 🤭 La fatigue se fait sentir (enfin pour moi). Allez, courage, plus qu’une heure... 😥... Un ultime effort, et pas des moindres, avant d’atteindre l’objectif final : une incroyable vue à 360°.

D’un côté, les GÉANTS...

...

de l’autre… l’immense Lago Viedma aux eaux incroyablement couleur turquoise !

Que dire... Savourer l’instant. L’immortaliser sur la « pellicule » pour ne jamais l’oublier !

15 heures 45 : nous voici de retour à « la maison » et contents d’y être !

 

Infos rando : 

6 heures de marche (avec arrêts)

20 kilomètres

Dénivelé positif : 1 150 m

Altitude mini : 398 m

Altitude maxi : 1 523 m

 

Nous prenons la route, cette fois-ci sans regret ni remord, vers notre prochaine étape : la ville de Calafate, point de départ du célébrissime glacier Perito Moreno...

300 kilomètres plus loin, nous nous installons sur un très beau bivouac à quelques kilomètres de l’entrée Sud du Parc des glaciers.

 

 

 

 

 

 

Fatigués certes, mais tellement heureux d’avoir réussi notre passage à El Chalten, nous nous endormons comme des bienheureux !

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