Prolongation en Tierra del Fuego !

Cette île du bout du monde, on sait avant même d’y avoir remis les pieds que l’on va s’y sentir bien. Située à l’extrême sud de l’Argentine et coincée entre le Cerro Martial et le Canal de Beagle, Ushuaïa, la capitale aux allures de ville scandinave avec ses toits colorés, est dotée d’infrastructures touristiques et commerciales qui peuvent déranger certains visiteurs. Nous concernant, Ushuaia et sa région nous fascinent. Alors, nous décidons de jouer les prolongations.

 

19 - 21 février 2019. La ville connue pour le déo et l’émission TV qui porte son nom...

 

 

 

Ushuaïa est très touristique. Sa rue principale n’est qu’une succession ininterrompue d’agences de tourisme, de petits restaurants cocooning - normal vu les températures tout au long de l’année - et de magasins de souvenirs. Pas très folichon au premier abord, mais de temps en temps, un retour à la « civilisation » nous procure un certain bien-être !

 

 

Nous passons les deux premiers jours à buller dans les bars de la ville... et à nous « gaver » d’empañadas (qui sont à l’Argentine ce que les « jambon-beurre » sont à la France).

Ne rien faire, se reposer, savourer, simplement regarder la pluie tomber, attendre le retour du soleil... Prendre son temps ne signifie pas forcément le perdre ! C’est l’un des nombreux privilèges du voyage au long cours...

C’est évidemment d’ici que partent presque toutes les croisières en Antarctique. On se la joue « Last Minute ». On fait le tour des agences, sait-on jamais. Il suffirait d’un désistement pour que l’on puisse poser le pied sur le continent blanc. Les prix sont pour le moins prohibitifs. Même avec un « discuento », il nous faudrait débourser pas moins de 5 000 euros / personne pour dix jours pour fouler les glaces de l’Antarctique ! 😲 Bon OK, on oublie ! De toute façon, il n’y a aucun désistement ! Mais alors, pourquoi pas le Cap Horn, beaucoup moins loin, donc un tantinet moins onéreux ! Aucun désistement non plus... Aucun regret. Aucun remord...

« Ainsi va la vie ! »

 

 

 

 

Pas grand-chose à faire sinon se balader sur la promenade qui longe le port... C’est en souriant que l’on voit s’approcher une « meute » de treize chiens... 😮 Un seul accompagnateur, une seule laisse pour tous ces toutous ! Trop fort !

La neige des derniers jours a saupoudré de blanc les sommets aux alentours. Mais que c’est beau ! Comment ne pas être en admiration devant les voiliers et les paquebots qui se reflètent dans les eaux limpides du Canal de Beagle.

Même le vieux rafiot rongé par la rouille échoué depuis des décennies semblent nous rappeler que nous sommes bel et bien au bout du monde...

Les lumières du soir sont juste exceptionnelles en cette saison et sous ces latitudes.

C’est dans ce décor de carte postale que nous attendons nos amis français… les « Luclauvi » (Lucas, Clara, Aurelie et Vincent des Hautes Alpes) alias les « pompiers » et « Les Voyageurs Passionnés » (Li-Lou, Virginie et Patrick des Alpes Maritimes) avec qui nous avions passé un moment très agréable à Quito en Equateur.

 

 

 

 

Que du bonheur de se retrouver pour un apéro qui se prolonge jusqu’au bout d’une nuit... glaciale...

 

 

 

 

 

...

à ne pas mettre un Husky et des Malamuts dehors ! Papa, lui, il dort dans notre panier !

 

 

 

22 février 2019. Le Canal de Beagle

Ushuaïa baigne dans le fameux Canal de Beagle qui relie l’Océan Atlantique et l’Océan Pacifique. Navigable sur toute sa longueur (240 kilomètres), il n’a jamais été la route privilégiée des navires, le passage de Drake au sud du Cap Horn et le détroit des Magellan étant plus sûr...

 

Le canal porte le nom du navire britannique Beagle, qui vint inspecter ces régions australes entre 1826 et 1836, et dont le capitaine Robert Fitz Roy (revoilà le Fitz Roy, notre massif argentin préféré), chargé de missions hydrographiques et cartographiques, accompagna le prestigieux Charles Darwin, tout à ses études naturalistes et scientifiques.

 

 

 

 

 

Une piste de gravillons longe ce bras de mer. Nous traversons tantôt des forêts, tantôt de vastes espaces balayés par des vents violents.

 

 

Même les arbres portent les stigmates des tempêtes.

Une voie sans issue puisque, au terme de 80 kilomètres, le chemin s’interrompt brutalement. Impossible de « conduire » plus au Sud... du continent !

Nous dégotons l’un de nos plus beaux bivouacs...

 

23 février 2019. Les manchots royaux

Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec des animaux qui vivent dans les contrées les plus froides de la planète : les manchots royaux. Bien que menacés d’extinction par le réchauffement climatique, la pêche intensive et la pollution, il est possible de les observer sur la grande île de Terre de Feu dans une baie du détroit de Magellan.

C’est en milieu d’après-midi que nous arrivons au « Parque Pinguino Rey ».

« La visite » commence par un bref exposé : la colonie comprend une centaine d’individus, adultes et bébés.

Les manchots royaux ressemblent aux manchots empereur. De plus petite taille (90 cm) et de moindre poids (12 kg), ils possèdent des taches auriculaires orange vif en forme de cuillère.

 

Mais quelle est la différence entre manchots et pingouins ?

Les manchots sont incapables de voler et vivent exclusivement dans l’hémisphère sud (notamment en Antarctique).

Les pingouins désignent pour leur part des oiseaux de petite taille qui contrairement aux manchots sont capables de voler et habitent uniquement dans l’hémisphère nord...

Le problème est que l’anglais, l’espagnol et même l’allemand utilise le même mot, traduit de « pingouin » pour désigner le pingouin mais aussi le... manchot !

 

Nous les apercevons enfin. Adultes et petits sont serrés les uns contre les autres. Des œufs en attente d’éclosion sont à même le sol. Ils sont sereins nos « petits amis » ! Il faut dire que dans cette zone, ils n’ont quasiment aucun prédateur... Les orques et les baleines ne pénètrent pas dans cette baie du Détroit de Magellan !

Par moment, certains individus se détachent du groupe. Dressés sur leurs pattes, on ne peut que sourire en les voyant se dandiner maladroitement dans leur tenue de soirée.

Ils sont trop mignons : de vrais petits bonhommes en smoking !

 

23 et 24 février 2019. Les gauchos, gardiens de troupeaux du bout du monde

 

XVIIe siècle. 

L’histoire du gaucho commence en Argentine. Les plaines se remplissent peu à peu de chevaux sauvages et de bovins. Laissés en totale liberté sur un vaste territoire, les animaux se multiplient au fil des ans. C’est à partir de ce moment qu’un nouveau peuple voit le jour dans une grande partie de l’Amérique du Sud, principalement en Argentine : le gaucho, sorte de cow-boy gardien de ces troupeaux sur les immenses étendues vierges de la Pampa.

Mais que reste-t-il des gauchos d’antan ? Du cheval au 4X4 : la fin d’une époque ?

Qui aurait pu penser qu’un homme aussi courageux que le gaucho pourrait se laisser déstabiliser par les moutons ? 

Fin du XIXe siècle.

Importés d’Allemagne, les moutons commencent à envahir la Pampa.

Cet animal, facile à vivre et ramenant plus d’argent que les bœufs, prend de plus en plus de place au détriment des bovins des gauchos. C’est l’arrivée du fil barbelé et du marquage des bœufs qui met fin à deux siècles de liberté sur la Pampa.

D’autant que, en 1856, le gouvernement décide de vendre une partie des territoires des gauchos, un acte qui mettra fin à leur vie de nomade sur la pampa.

Contraint de s’installer quelque part, le gaucho est à l’origine des premières estancias, certaines comptant alors plusieurs centaines de milliers de têtes de bétail.

Aujourd’hui, le gaucho argentin existe toujours et s’adapte peu à peu à la modernité. Sa tenue vestimentaire traditionnelle n’est plus utilisée qu’au cours de certaines fêtes. Et pour se déplacer, le gaucho d’aujourd’hui oublie parfois sa monture pour la remplacer par un 4X4, plus rapide et efficace.

Ce n’est pas pour autant que la culture du gaucho disparaît, bien au contraire ! Les traditions et les coutumes sont toujours bien présentes en Argentine.

Particulièrement fiers de la beauté de leur territoire, ils tiennent leurs origines en haute estime. Et même si la plupart d’entre eux vivent et travaillent en ville, on voit toujours, au beau milieu de la pampa, des gauchos faisant paître leurs bovins ou leurs ovins, fièrement campés sur leurs chevaux.

 

C’est tout à fait par hasard que nous apprenons qu’a lieu ce week-end à Cerro Sombrero, petite bourgade de quelques centaines d’habitants, l’une des plus importantes « Fiesta Campesina del Ovejero » - « fête paysanne du berger » - de la Tierra del Fuego » ! D’après les renseignements recueillis, tous les villageois des alentours se donnent rendez-vous pour assister aux « démonstrations » du travail des gauchos !

C’est en fin d’après-midi, dans un froid glacial et sous un vent patagon que nous débarquons accompagnés de nos amis les « pompiers » à Cerro Sombrero.

Nous sommes tout excité à l’idée de côtoyer de vrais gauchos patagons, en fait l’équivalent des cow-boys d’Amérique du Nord.

Un immense terrain herbeux, à l’écart du village, sert de « terrain de jeux ». En fait, nous assistons à une compétition qui sacre les meilleurs...

Les hommes qui participent sont coiffés de béret, de bottes et de pantalons bouffants.

Les épreuves se succèdent : travail des chiens avec les brebis (on se croirait en Aveyron), rodéo, tonte des moutons...

L’ambiance est bon enfant, saine, rustique. Tout ce que l’on aime !

Le samedi soir, nous sommes invités à partager un Barbecue du club de camping-cariste chiliens et argentins. Égaux à eux-mêmes, nous sommes accueillis comme des amis de longue date. Grillades, palourdes et alcools locaux sont à l’honneur !

Le dimanche midi, on remet ça, en beaucoup plus sobre, avec la soupe traditionnelle de la Tierra del Fuego...

... tout en profitant du folklore local !

Les gauchos d’aujourd’hui ne sont peut-être pas ceux d’hier mais, ce dont on est sûr, c’est qu’ils existent toujours dans cette région d’Argentine éloignée de tout !

Pour quitter la grande île de Tierra del Fuego nous devons traverser à nouveau le détroit de Magellan.

Un article de journal négligemment posé sur la table d’une station-service attire notre attention.

Il n’en faut pas plus pour nous donner l’envie de revenir sur ce petit bout de terre australe pour fouler le sol de la « nouvelle ville la plus australe du monde »... Puerto Williams, mais en hiver cette fois-ci…

Écrire commentaire

Commentaires: 4
  • #1

    Jl (lundi, 04 mars 2019 22:33)

    Ambiance bon enfant, saine et rustique........Merci.
    Tout ce nous aimons
    Amicales bises.
    Kenavo
    JlJ

  • #2

    Florence et Gérard (samedi, 09 mars 2019 09:52)

    Salut les amis. Nous sommes en Patagonie chilienne. A Punta Arenas, au boud du détroit de Magellan, pour une semaine avec une incursion en Argentine pour voir le Perito Moreno. Heureux de se rapprocher de vous ! Florence et Gérard

  • #3

    Nous deux (samedi, 09 mars 2019 22:20)

    Coucou les zamis,
    Zut nous nous sommes loupés de peu...
    Quel est votre itinéraire... Descendez sur Ushuaïa, allez vous sur le parque del Paine... allez faites nous râler... lol... La Patagonie Andine est la plus belle ... alors régalez vous et essayez de faire coïncider si possible avec des périodes de beau temps... sinon... pas de sommet... on vous embrasse et on attend de vos news...

  • #4

    Flo et Gé (jeudi, 14 mars 2019 01:28)

    Oui, rates de peu. On était deux jours dans le parque del Paine, avec un temps superbe, presque miraculeux pour le lieu. Tour ce qui est pris est pris. On a fait que 3 où 4 km à pied mais des centaines de km de pellicules ! Aujourd'hui on est pour 3 jours à El Calafate pour suivre demain, vos pas sur le Perito Moreno. On a commandé le beau temps et on l'aura�. Ensuite cap à nouveau sur Punta Arenas pour prendre un vol sur Santiago eh oui, on n'a pas de chouchou, nous. Puis Valparaiso, puis île de Pâques, puis Atacama, puis Uyuni, Potosí, Sucre, la Paz, puis vol sur Bogotá et un mois sur la Colombie ��. Total 10 semaines . On est des petits joueurs à côté de vous, mais nous progressons !
    On vous embrasse
    GP et Flo.