Bienvenue en Alberta sur le versant Est des Rocheuses ou l'invité surprise...

A 9 heures 30, nous les apercevons, encore lointaines mais tellement proches.  Nous n’avons jamais été aussi près d’elles. Nous en avons rêvé, nous les avons imaginées et dans quelques heures, nous y serons.

Les vastes étendues planes et colorées rencontrent les pics acérés des Rocheuses. Ce joyau canadien est « à cheval » sur les provinces d’Alberta et de Colombie Britannique.

Aujourd'hui nous nous rendons au Waterton Lakes National Park, le plus petit des cinq parcs nationaux des Rocheuses.

Au menu évidemment randonnées à la journée, pique nique en bordure des ruisseaux, rencontre avec la faune sauvage : wapitis, bouquetins, marmottes, bisons.

 

L’invité surprise

Il est 20 heures 30. Nous nous installons sur l’une des deux tables de pique nique qui borde le ruisseau. La température est douce, l’endroit charmant, la soirée promet d’être des plus agréables. Durant le repas, deux jeunes wapitis viennent montrer le bout de leur museau et évoluent à quelques mètres de nous. Ils ne sont pas farouches, nous observent comme si nous faisions partie du décor. Doux moments que nous sommes en train de vivre. La conversation « tourne » autour de la faune sauvage qui peuple le parc et, bien évidemment, des ours puisque c’est la première fois depuis notre arrivée au Canada que nous pouvons être confrontés au grizzli. Aucun autre animal ne nous inspire autant d’admiration, de curiosité et de… crainte. Nous avons pris soin de nous munir d’une bombe à ours autrement dit une bombe au poivre, indispensable pour toute rando dans le parc. On espère ne jamais avoir à s’en servir ! Mais bon, mieux vaut prévenir que guérir ! Vu que les ours ont un odorat hyper développé, sur toutes les tables du parc, un petit panneau avec les recommandations au cas où Winnie aurait la joyeuse idée de s’inviter au lunch. Nous prenons l’habitude de nous installer l’un face à l’autre.  On assure ainsi un « périmètre de sécurité visuel ». Eric se moque de moi quand je lui demande s’il a pris la bombe au poivre, Éric se moque de moi quand il me fait croire qu’il a entendu un bruissement derrière lui et enfin Eric se moque de moi quand je débarrasse la table sitôt le repas terminé et ce, par précaution. À 22 heures, je me trouve à l’arrière de Chouchou et… il est là… à une dizaine de mètres de moi. Il est énorme et il avance lentement. Je suis tétanisée et j’arrive à articuler un faible  « E R I C.  U N.   O U R S ». Putain, il est sourdingue l’ancien ! Il continue à vaquer à ses occupations. Un peu plus fort : « Putain, Éric y a un ours, là, juste devant Chouchou ». Il comprend qu’il y a un animal mais il pense qu’il s’agit de nos deux jeunes wapitis et il rapplique… Il n’en croit pas ses yeux. La deuxième consigne du petit panneau est aussitôt mise en application : se mettre à l’abri dans le véhicule. Quelques secondes se sont écoulées,  Eric me sort de ma torpeur « Vite Mu, dans Chouchou ». Sitôt dit, sitôt fait. Je me retrouve affalée à l’arrière entre les jerricans, les bananes, les culottes étendues, les chaussettes qui puent… Éric se précipite, quant à lui, sur le siège conducteur. Impossible de se rendre au siège passager car le bestiaux a choisi ce côté-là pour venir nous faire un petit coucou. On sait qu’il nous a vu, qu’il nous a senti. En partie remis de nos émotions, nous avons tout le loisir de l’observer. Il est différent des autres ours que nous avons croisés : il est plus volumineux, il est marron et son museau est plus allongé. On le baptise Balou, l’ours brun ! Une similitude toutefois avec les autres : aucune agressivité. 

J’ai rejoint entre temps le siège avant sans sortir de l’habitacle, of course et nous attendons patiemment que Balou s’éloigne, tranquillement, comme il était venu. 

Finalement, on ne dormira pas là cette nuit… On s’installe sur un grand parking… sachant que, de toute façon, les ours sont présents dans cette région et qu’il faut vivre avec !

On s’endort un tantinet inquiets, non pas à cause de l’ours mais plutôt parce qu’on ne sait pas si on peut dormir sur le parking. On risque d’être gentiment invité à débarrasser le plancher voire à payer une douille. On verra bien. On expliquera aux gardiens du parc que les 3 camping sont full et que…

Sacrée soirée que celle du 30 juin 2017...